Mwasi Telema
Femme lève toi 



En décembre dernier 2022 j’ai été invitéx par mon amie Orakle Ngoy, que j’ai rencontré plus tôt à Paris, à participer au festival de rap féministe Yambi City qu’elle organise tous les ans à Kinshasa.

Malgré mes questionnements sur le sens de ma présence là-bas, Orakle tenait à me faire venir en raison de mes textes engagés contre les violences sexuels, qui sont un sujet important dans son travail et au sein du festival.

De la rencontre entre certaines artistes du festival - B-Grâce, Nanou Longa, Katalea, Kerty's Tigress - est né le morceau : « Mwasi Telema - Femme lève toi ».

Pour l’accompagner j’ai réalisé le clip que voici et un petit couplet de OXYTOCINE se cache à la fin. Je ne me voyais pas parler uniquement de féminisme dans le contexte de la République Démocratique du Congo : un des pays les plus riches en ressources où ces dernières sont pillées par les grandes puissances de ce monde, ses gouvernements et ses entreprises, avec la complicité d’une élite locale corrompue.

Sur le dos de la terre et de la population de RDC nous avons notamment accomplie notre "révolution technologique" et nous "accomplissons" aujourd’hui notre ""révolution verte"" en en extirpant dans le sang le cobalt et le coltan (dont l’extraction est une des causes du conflit meurtrier au nord-est du pays). Ici un récent documentaire d’Arte à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=e9T5RwGF9DU

Nous ne sommes pas dupes sur la manière dont l’émancipation des femmes et des minorités sexuelles est parfois instrumentalisée pour masquer ces exactions économiques, industrielles et politiques derrière des questions "culturelles".

Oui, le patriarcat existe partout et bien sûr qu'il doit être combattu où qu’il soit. Mais en faisant du patriarcat le principal problème des anciens pays colonisés (et par extension des "quartiers populaires") ; en plaçant comme principal objectif de sauver "les femmes et minorités de genre" de leurs communautés d’origine qui "les aliènent" - les élites blanches cherchent dans un double mouvement à invisibiliser les oppressions économiques néo-coloniales qu’elles font subir ailleurs et les oppressions patriarcales qu’elles exercent chez elles.

Il est difficile - mais important - de tâcher à ne pas tomber dans le panneau que l’ordre dominant nous tend : le "féminisme washing" (ou féminisme blanc) sert avant tout les intérêts des puissances patriarcales, néo-coloniales et capitalistes. 

Bref : le féminisme sans lutte des classes, c’est du développement personnel - et le féminisme sans décolonialisme, de l’impérialisme. 

À ce sujet je conseille cette passionnante et bousculante itw croisée de Louisa Yousfi et Houria Bouteldja (qui soutient que la convergence des luttes passera par la convergence "des beaufs et des barbares") qui fait bien mouliner : https://www.youtube.com/watch?v=NiXX9gIg6_8

Merci à Falaboss pour la production du morceau, Kingaman pour l'initiative, Junior Mvunzi, Yas Ilunga, Pati Masiapa, Magali Dougou, Nina, et toustes les autres pour leur participation !

Convergence du love


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